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Actualité

Séminaires de Recherche ThéPARis - Session 1

  • Recherche,
Date(s)

le 11 janvier 2019

Lieu(x)
CMBV, Versailles
10h-13h

Les Théâtres parisiens sous l’Ancien Régime : transversalité des pratiques, circulation des personnes, enjeux esthétiques et poétiques.


Répondant : Thomas Leconte (CMBV)

Intervenants :

Matthieu Franchin (Sorbonne Université, IReMus) : Les divertissements de Jean-Claude Gillier pour les Comédiens Français et Italiens à la fin du xviie siècle

À la fin du XVIIe siècle, les Théâtres Français et Italien continuent, en dépit des restrictions imposées par le privilège de l’Opéra, à accorder une place importante à la musique au sein de leurs spectacles. Loin de s’essouffler, la musique de scène pour le théâtre parlé connaît même un essor très important dans la dernière décennie du siècle, avec l’apparition du « divertissement final » dans les années 1690, qui vient conclure un grand nombre de comédies un acte, avec sa forme caractéristique (alternance de chant et de danse, conclusion par une chanson à couplets ou vaudeville final), et qui connaît un succès grandissant tant du côté des Français que du côté des Italiens. En témoigne la saison théâtrale 1695-1696, qui voit fleurir simultanément sur les deux scènes une multitude de pièces en un acte, toutes conclues par un divertissement de musique et de danse, composé dans chacun des cas par le musicien Jean-Claude Gillier : La Foire de Bezons, Le Retour de la Foire de Bezons, Les Vendanges de Suresnes, et les deux Foire Saint-Germain. C’est précisément sur ce moment-clé que nous souhaiterions nous attacher dans le cadre de cette communication, en comparant ces divertissements composés simultanément pour les Comédiens Français et Italiens. À travers ces exemples, peut-on en effet dégager une pratique musicale du divertissement qui serait propre au Théâtre Italien, ou au Théâtre Français, à la fin du xviie siècle ? Plus généralement, quel rôle joue la concurrence et l’émulation entre ces deux scènes, dans l’élaboration de nouveau type de musique de scène ?

Performance
Pauline Schill, dessus
Youn-Young Kim, violon
Florian Abdesselam, hautbois
Shun Yamashita, basse de violon
Matthieu Franchin, clavecin et direction

Jean-Claude Gillier, Divertissement final des Vendanges de Suresnes (texte de Florent Carton Dancourt, création le 15 octobre 1695 à la Comédie-Française)

Marche - « Amis vendangeux » - « Serviteur à Monsieur Vivien » - Air grave - « Morgué, morgué, point de mélancolie » - Gigue - « Amants, qui venez en vendange » - Air de Paysans « Les plus habiles Vendangeuses » - Air niais - Vaudeville « Profitez bien, jeunes fillettes »


Judith le Blanc (Université de Rouen) : L’air chanté, facteur de porosité entre les scènes parisiennes

"Le DOCTEUR. – Un docteur doit passer de langue en langue comme les hommes passent du blanc au noir, et de certaines brunes du noir au blanc ; comme les avocats passent du pour au contre ; comme les médecins font passer les malades de ce monde-ci en l’autre ; comme la musique passe du Pont-Neuf à l’Opéra, et de l’Opéra au Pont-Neuf ; comme les Mariannes passent de la Comédie à la Foire…"
(L. Fuzelier, Le Ravisseur de sa femme, Ms. fr. 9335, f° 230.)

En dépit de la politique des privilèges, les scènes parisiennes sont loin d’être étanches les unes aux autres. La dramaturgie musicale du divertissement, signe de l’imitation mutuelle des scènes, est un point de convergence entre le répertoire des Italiens, des Français et de l’Opéra. Les airs d’opéras deviennent airs de vaudevilles sur les scènes foraines, les vaudevilles des Comédies Française et Italienne sont réinvestis avec d’autres textes sur la scène de l’Opéra-Comique. Le recyclage d’un air témoigne de son succès et de sa capacité à devenir un véritable « tube ». L’étude de quelques cas de ces airs migrateurs, qui passent de bouche en bouche et de scène en scène, révèle que l’air chanté, véritable carrefour culturel, est un facteur de porosité des frontières génériques, sociales et institutionnelles. Ce n’est sans doute pas un hasard si c’est sous la plume de Fuzelier, auteur polygraphe qui œuvre à la fois pour le Théâtre Français, la Comédie Italienne, l’Opéra-Comique et l’Opéra que l’on trouve le meilleur témoignage de cette culture chantante circulaire.

> Entrée libre sur inscription : theparis.seminaire@gmail.com
Contact :
Barbara Nestola :